Promise

Le bourdon sonne.
Mon amante religieuse
Veut-elle vraiment me voir mourir,
Dévoré du remords de n’avoir pas su cultiver
Le lierre aimant qui l’aurait doucement enchâssée dans la fraicheur de ce verger ?

« J’écoute tes maux, tu ne me convaincs pas, car je le sens flotter, ce voile dans ta voie. Il est fausse rassurance : se ressembler pour mieux assembler vos souffrances ? Il est inutile repentance : s’affamer de privations pour s’étourdir ensemble ?
Méfie-toi, l’amour pur n’est pas silice, le sang versé ne vitrifie pas la douleur. Ah, je sais, tu fais en vin ce sacrifice … tu vivras de symboles, ma vierge falsifiée.
Ne t’enfuis pas ! Encore un instant ! Je veux une dernière fois m’adoucir à ta peau ; me sucrer de ta chair ; croquer dans la pécheresse avant qu’elle ne se tale…
Que restera-t-il de ton velouté si caressant ? Se glisser dans la bure ne va pas de soie !
Pardonne-moi cette offense. Je délire car j’ai mal, mais je me soumets. C’est que …
je nous rêvais brûlant d’autres feux ; je te souhaitais de meilleurs vœux.
A Dieu. Prends-le comme bon te semble : cela est mon tort, mais ceci est mon sens. »

Que taisent ses sœurs, cachées sous leur demi-nom en ce sanctuaire sacrificiel ?
Sont-elles rebaptisées pour devenir deux fois plus saintes ?
Que fait-on dans le harem d’un si chaste Seigneur ?
Elle les rejoint sous la cloche vespérale,
Et mon cœur tocsinne.


© Phil Deken        Retour vers Textes-Poèmes

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